Le livre Little Women

Little Women de Louisa May Alcott est un classique de la littérature américaine. Ce roman écrit au 19e siècle a inspiré de nombreuses lectrices grâce à ses quatre héroïnes, les soeurs March. De celles-ci, la principale, Jo March, a marqué l’imaginaire et a réussi à transmettre son amour de l’écriture et son désir d’indépendance aux jeunes femmes à travers les époques et c’est en partie ce qui m’a attiré vers cette lecture en décembre dernier.

À première vue, l’histoire de Little Women n’a rien de bien exaltant. On y suit Meg, Jo, Beth et Amy, quatre soeurs et leur mère, Marmee (leur père est à la guerre), à travers leur quotidien, leurs joies, leurs peines, leurs nouvelles amitiés et les défis du passage de l’enfance à l’âge adulte. Malgré leur pauvreté, Alcott nous présente une famille unie et tissée serrée, imaginée avec ses propres soeurs en tête. En fait, le récit est autobiographique et reprend plusieurs éléments directement tirés de la vie de l’autrice, ce qui lui confère une authenticité palpable.

Cependant, c’est la proximité des quatre soeurs et leur monde rempli de petites et grandes leçons qui nous connectent à cette période charnière de nos vies. De mon côté, ce livre m’a beaucoup fait penser à ma relation avec ma soeur et mes cousines lorsque j’étais jeune. La complicité et le plaisir que nous avions ensemble ont toujours été des souvenirs des plus précieux pour moi et c’est ce que je retrouvais dans cette connexion entre les March.

Jusqu’alors, la proposition de Little Women était à plusieurs points féministes. Les personnages ont toute une personnalité bien distincte, elles ne laissent pas leur place et avancent des idées plutôt progressistes de l’identité féminine pour l’époque de la Guerre civile américaine! Bref, elles sont rafraîchissantes, elles ne suivent pas les conventions à tout prix (pour la plupart) et elles illustrent bien la solidarité et le soutien entre les femmes.

Pourtant, cette force que l’on retrouve dans la première partie du livre s’effrite tranquillement dans la seconde avec un intérêt plus marqué envers le mariage et le départ progressif du nid familial. Auparavant publier comme un livre à part entière, il était intitulé Good Wives, ce qui rend déjà sceptique sur la suite des événements…

Attention, divulgâcheurs à venir si vous n’avez pas lu le livre!

Ma plus grande déception fut de voir ces jeunes femmes pleines de rêves finir mariées et mettre de côté leurs ambitions et leur passion (Jo l’écriture et Amy la peinture) pour endosser les rôles traditionnels d’épouse et de mère. Seule Beth y échappe suite à sa mort prématurée, ce qui n’est pas vraiment une consolation.

Comme une majorité de lectrices, c’est spécialement le mariage de Jo qui m’a surprise et bouleversé. Elle ne cesse de revendiquer son indépendance, refusant même la main de son complice et intérêt amoureux, Laurie, par principe qu’elle n’est pas amoureuse de lui, pour se marier avec un homme qui la détourne de son talent d’écrivaine pour ouvrir une école pour garçon (quoi?!). J’étais abasourdie en lisant cette fin un peu absurde pour un personnage qui semblait de prime abord opposé à cet avenir trop prévisible.

Il faut quand même mettre les choses en contexte. Après la publication de Little Women, Alcott a reçu énormément de lettres d’admiratrices qui demandaient à savoir avec qui les soeurs March allaient se marier. On suppose qu’elle a cédé sous la pression et l’on connaît la suite. Je me demande si l’avenir de nos quatre protagonistes aurait été différent si l’autrice avait fait à sa tête et avait écrit cette deuxième partie sans la pression des lectrices et du succès. Peut-être même que cette suite n’aurait jamais vu le jour. Qui sait?

Little Women reste un livre important. Encore aujourd’hui, je crois qu’il offre des modèles de femmes fortes et solidaires dont notre société a besoin malgré certaines contradictions et une fin décevante pour ces personnages remplis de talents et de potentiels. Bon ça, c’est la féministe que je suis qui parle, mais plusieurs autres passages sont marquants et prônent le libre arbitre des femmes avec vigueur et sincérité. Un succès depuis sa parution, ce roman n’a pas fini d’inspirer les jeunes et moins jeunes dans la quête de leur liberté et de leurs passions.

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