Roman graphique sur une table en bois entouré d'un carnet ouvert, d'un thé et d'un crayon.

Alors âgé de quatre ans, George Takei et sa famille sont enfermés dans un camp de détention destiné aux citoyens nippo-américains après l’attaque impromptue des Japonais sur la base américaine de Pearl Harbor, à Hawaï, le 7 décembre 1941. C’est dans son roman graphique They Called Us Enemy que l’acteur, auteur et activiste revisite son enfance et tente de mettre la lumière sur ce pan d’histoire souvent oublié de la Seconde Guerre mondiale.

Dès l’arrivée des premiers Japonais en sol américain au 19e siècle, un sentiment anti-asiatique était palpable dans la population américaine et son gouvernement. Quand la guerre a été proclamée contre les forces de l’Axe, la peur de retrouver des espions et des saboteurs au sein de la population nippo-américaine a entraîné la décision fatidique d’exclure ces citoyens, maintenant considérés comme de potentiels ennemis. Rapidement, tous ont été dépossédés de leurs biens pour être transportés dans des camps de détention où ils sont restés enfermés jusqu’à la fin de la guerre en 1945.

Les années de détention

C’est ce qui est arrivé à la famille de George Takei. Basé sur ses souvenirs d’enfance, le roman graphique passe d’anecdotes de la vie quotidienne à des références plus globales au contexte historique de l’époque. Ce choix ingénieux dans la narration ajoute de la matière à l’histoire du jeune George qui a son âge, est toujours insouciant de l’instabilité dans laquelle se trouve sa famille et les autres Nippo-Américains. Néanmoins, cette insouciance rend cette tragique histoire un brin plus légère avec des passages comiques et attachants. On y sent également un hommage profond à ses parents qui, grâce à leur résilience et leur amour, ont réussi à donner un brin de normalité à leurs enfants malgré les violences et les mauvaises conditions vécues dans les camps.

La vie d’après

L’auteur de They Called Us Enemy prend non seulement le pari de nous montrer la vie dans les camps de l’intérieur, mais aussi ses répercussions tout au long de sa vie. D’ailleurs, le père de Takei est particulièrement mis de l’avant et pointé comme l’étincelle qui a mené l’auteur à s’engager activement envers la réconciliation entre les Nippo-Américains et le gouvernement. En 1988, ses actions militantes portent ses fruits avec des excuses de la part du Congrès et une compensation financière à tous les survivants.

De plus, sa notoriété en tant qu’acteur a beaucoup servi les causes qu’il défend. Celle-ci lui a entre autres permis d’accéder à des plateformes d’envergure pour partager son histoire et les répercussions sordides qu’a eues le racisme sur la population nippo-américaine lors de la Seconde Guerre mondiale.

Une lecture nécessaire

Récit fort empreint de courage, de résistance et d’amour, They Called Us Enemy est un roman graphique touchant, accessible et complet. Il présente une bonne balance entre les faits historiques et l’anecdotique, tout en servant de mémoires pour l’auteur, acteur et activiste George Takei. Illustrées par Harmony Becker, les images sont parfois simples, parfois complexes, tout comme les événements narrés dans ce livre. Les moments où elle dessine le jeune George avec les yeux pleins d’étoiles étaient sans contredit magiques et hilarants.

Une œuvre pour laquelle vous craquerez tout en étant informé sur un événement souvent oublié de l’histoire américaine (et canadienne).

Référence
The Editors of Encyclopaedia Britannica. (s.d). Japanese American Internment. Dans Encyclopaedia Britannica. https://www.britannica.com/event/Japanese-American-internment

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