Grandir n’est jamais facile, surtout lorsqu’on n’est pas comme les autres. C’est le cas du personnage principal d’À l’abri des hommes et des choses de Stéphanie Boulay, une jeune fille décalée et marginale en pleine croissance, à la découverte de son identité en tant que femme, des premières amours et des amitiés compliquées.
On ne peut pas nier le talent de Stéphanie Boulay pour l’écriture. Que ce soit dans son travail au sein du duo les Soeurs Boulay ou comme écrivaine, elle réussit toujours à créer des histoires uniques et à nous faire ressentir une panoplie d’émotions. À l’abri des hommes et des choses ne fait pas exception.
Ce premier roman est surprenant et nous transporte dans un univers glauque, narré par le personnage principal qui a un phrasé poétique qui rappelle parfois La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy. La jeune fille sans nom nous décrit dans ses mots et ses expressions colorées son quotidien et les éléments marquants de sa vie peu commune.
Toujours avec un brin de naïveté et rempli de sincérité, elle aborde des sujets plutôt durs comme l’abandon, les troubles de santé mentale, la pauvreté et la négligence. On est tout de même face à un personnage lumineux malgré ses zones d’ombres et ces réflexions parfois maladroites finissent par construire un monde bien à elle.
J’ai apprécié ce roman justement parce qu’il n’était pas ce à quoi je m’attendais. Je ne connaissais rien de sa prémisse avant d’entamer ma lecture et même si j’en avais entendu parler, aucun détail me dévoilant des aspects de la trame narrative n’avait réussi à se rendre à moi. J’aime quand ce genre de choses arrive, car on est lâché libre dans un monde inconnu où on apprend les contours à tâtons.
La progression des événements était bien montée et les éléments perçaient petit à petit dans le récit, ce qui gardait un brin de mystères autour des différents personnages et du climax du roman. Climax est peut-être un peu fort ici, car on n’était pas dans un livre à l’action insoutenable, mais vers la fin, j’en ai fait qu’une bouchée! Les différents morceaux du casse-tête prenaient forme et je ne souhaitais qu’en savoir plus même si le livre s’est terminé sur une fin ouverte.
Si vous aimez ce genre d’atmosphère et personnages un peu désordonnés et dysfonctionnels, je vous conseille également Crime horticole de Mélanie Vincelette, un autre roman que j’avais lu sans attente dont j’étais ressorti bouche bée.