Vous avez bien dû remarquer, les films et les séries sur nos écrans sont souvent des adaptations d’œuvres littéraires à succès. Bien sûr, on retrouve encore des scénarios originaux ici et là, mais les adaptations ont pris d’assaut le monde cinématographique des dernières années, pour le meilleur et pour le pire.

Adapté un livre pour le cinéma ou la télévision doit être un travail ardu. On doit conserver l’essence de l’histoire sans pour autant pouvoir y inclure tous les détails, la limite de temps oblige. Les scénaristes ont alors la tâche difficile de remanier l’action pour que les coupures ne laissent pas de trous dans l’intrigue et que l’histoire reste compréhensible pour le spectateur.

Plus l’œuvre littéraire est connue, plus les attentes envers l’adaptation seront grandes. Lorsque j’ai vu le premier Harry Potter au cinéma, j’ai été très déçu. Plusieurs éléments de l’histoire avaient été modifiés. Je m’étais déjà fait une idée des personnages et des lieux dans ma tête alors de les voir représenter autrement ne me plaisait pas du tout. Le monde que j’aimais et que j’avais imaginé était peu à peu remplacé par celui de quelqu’un d’autre. J’ai donc pris la décision (très controversée) de ne pas regarder les films suivants pour préserver ma mémoire et mes propres images.

À partir de ce moment, je me suis donné une règle: voir les adaptations avant de lire le livre. Comme cela, j’étais moins déçue par les modifications faites au récit et par l’univers qu’on me présentait. En général, ce stratagème fonctionne bien pour moi et m’a permis d’apprécier des adaptations cinématographiques qui n’étaient pas toujours très fidèles.

Parfois, le film surpasse l’œuvre originale comme cela m’est arrivé avec A Little Princess de Frances Hodgson Burnett. Le livre n’était pas mauvais, au contraire, mais les modifications effectuées dans le film d’Alfonso Cuarón rendent l’histoire plus trépidante avec un punch beaucoup plus intéressant et pognant. Dans d’autres cas, on essaie plutôt de donner une lecture différente de l’œuvre comme à tenter de le faire Greta Gerwig dans son adaptation de Little Women de Louisa May Alcott.

Pour la petite histoire, à l’époque, ce roman a été publié en deux parties. La première ayant connu un énorme succès, l’éditeur de l’autrice, ainsi que ses lectrices, ont demandé une suite où les sœurs sont mariées. Au départ, Alcott n’était pas chaude à l’idée, mais elle a fini par écrire une seconde partie dans laquelle on retrouve les quatre sœurs March, trois ans plus tard. C’est dans cette suite que les choses se gâtent pour plusieurs lectrices contemporaines et que Gerwig a voulu rectifier à la fin de son film.

De mon côté, j’ai aimé cette relecture, car elle faisait référence à cette pression de Louisa May Alcott à marier ses personnages, tout en rendant l’histoire de Jo plus en phase avec les convictions qu’elle exprime tout au long du récit. J’avais l’impression que la réalisatrice faisait un clin d’œil aux lectrices qui avaient été déçues par la fin du livre. Ça m’a fait sourire.

C’est donc pour dire que l’approche que prend l’adaptation fait toute la différence dans son appréciation. Et parfois, il faut en convenir, c’est juste moins long de regarder le film que de lire le livre!

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