Depuis l’essor du féminisme, on tente de paver le chemin pour que les femmes s’émancipent et prennent la place qui leur est due dans la société. Pourtant un pan complet de la population n’a pas revu l’espace qu’il occupe dans ce monde changeant et en paye le prix bien malgré eux. Le coupable dans cette histoire, c’est la masculinité toxique et Liz Plank l’attaque de tous les fronts dans son premier livre For the Love of Men: A New Vision For Mindful Masculinity.

À première vue, il peut sembler étonnant qu’une féministe comme Liz Plank décide d’écrire sur les hommes au lieu de se consacrer à un groupe plus marginalisé. Pourtant, on se rend rapidement compte en parcourant les pages de son livre que nous avons grandement besoin de parler des hommes et du carcan dans lequel on les laisse grandir.

La masculinité toxique n’est pas innée, mais apprise. Passée de génération en génération, elle est aussi dangereuse pour les hommes que pour les femmes qui en subissent souvent les conséquences. En fait, elle serait responsable de plusieurs enjeux tels que le taux de suicide élevé chez les hommes, leur espérance de vie réduite, leur difficulté à développer et maintenir des relations d’amitié, leur solitude et leur valorisation de la violence.

La solution proposée par Plank pour relever ces nombreux défis est bien simple: l’égalité des genres. Elle va plus loin en affirmant que la conversation que nous avons besoin d’avoir sur les hommes n’est pas séparée de celle que nous avons déjà sur les femmes. Elle devrait être abordée ensemble, car c’est le même système qui crée des limitations pour les garçons et les filles.

Nécessaire, For the Love of Men nous fait voir les hommes sur un nouvel angle. On les voit souvent auréolés de leurs privilèges et de leur supériorité, mais on se rend rarement compte que l’attention qu’on leur porte et les messages qu’on leur véhicule ne leur permettent pas toujours de devenir des alliés. En repensant la masculinité, les hommes auraient la possibilité de changer le discours à propos du genre et s’épanouir sans ressentiment pour l’émancipation des femmes.

Il va sans dire que j’ai aimé ma lecture de cet essai. Plank n’y va pas de main morte avec les références à plusieurs études et son travail sur le terrain renforce son argumentaire. Elle a confirmé pour moi que le féminisme est bénéfique pour tous, car sa recherche d’égalité amène à déconstruire les genres et à repenser le rôle de chacun. Voilà la meilleure façon de contrer la masculinité toxique qui tend à limiter les hommes, mais aussi les femmes, par extension.

D’ailleurs, j’ai apprécié les “amuse-bouche” dans lesquels elle discute avec des hommes de leur rapport à la masculinité. Cela apporte une dimension humaine au livre et ancre bien dans la réalité les divers enjeux soulevés par l’autrice, tout en donnant un espace à des hommes transgenre, homosexuel, noir ou à mobilité réduite.

Maintenant, la question qui se pose est: sommes-nous prêts à faire le travail pour changer notre conversation sur les genres et même les voir éclater? Moi je le suis.

Ce livre est disponible en français sous le titre Pour l’amour des hommes: dialogue pour une masculinité positive chez les éditions Québec Amérique.

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