Chère bande dessinée,
J’ai l’impression que tu n’as pas toujours bonne presse auprès du grand public. On sent parfois que tu es considérée comme un livre de second ordre et je dois avouer que je succombe à ce jugement à l’occasion.
Malgré mon amour pour toi, lors de mon reading challenge (tu sais, le sujet de mon dernier article!), j’ai eu des petits relents de culpabilité lorsque je te choisissais au détriment d’un roman. J’avais cette fâcheuse manie de ne pas te voir sur le même pied d’égalité. Et pourtant…
Mon premier amour avec toi fut lors de ma lecture de la série Yoko Tsuno de Roger Leloup en cinquième année du primaire. Ma voisine de bureau lisait ses aventures fréquemment et la proposition m’a tranquillement attirée. Sous ses encouragements, j’ai emprunté ma première bande dessinée de cette nouvelle héroïne japonaise à la bibliothèque de mon école et je suis sautée dans cet univers à pied joint.
Après avoir épluché Yoko Tsuno, Nathalie et Garfield, je n’avais pas cherché à aller plus loin. C’est lorsque je suis devenue libraire pendant mes études que mon attirance envers toi a refait surface. Ton contact quotidien me permettait de te feuilleter à ma guise et de me plonger dans tes histoires le temps de mon heure de dîner.
C’est surtout les romans graphiques qui ont alors pris la place, surtout ceux publiés par de jeunes maisons d’éditions québécoises. Ceux-ci m’ont fait entrer dans un autre type de lecture aux thèmes souvent plus sombres, complexes et matures. La force de ces romans graphiques était certainement leur façon de raconter des histoires en combinant le texte et les illustrations pour créer un univers global.
Dans les dernières années, tu as dû remarquer que des romans graphiques de toute sorte prennent les devants de la scène littéraire. Des œuvres à caractère biographique, des récits de voyage et des fresques historiques ont particulièrement marqué l’imaginaire. Je pense ici à Persépolis de Marjane Satrapi qui a également été présenté au grand écran sous forme de dessin animé, de PyongYang de Guy Delisle et Maus de Art Spiegelman.
Les romans graphiques sont aussi un endroit où foisonnent des histoires douces, philosophiques ou hilarantes comme dans Blankets de Craig Thompson, Whitehorse de Samuel Cantin, Polina de Bastien Vivès et La tectonique des plaques de Margaux Motin. En fait, on y retrouve la même diversité que dans les romans, mais avec une plus-value, l’illustration.
D’ailleurs, celles qui te composent sont parfois si fortes qu’elles marquent les esprits et font ressentir des émotions que les mots seuls ne pourraient pas véhiculer. On le dit souvent, une image vaut mille mots et tu rends à cette expression tout son sens.
Dans ma vie de lectrice, tu as certainement ponctué mon parcours, mais tu n’as jamais été la seule chose que je lisais. Par contre, tu as le don de m’émerveiller et de me pousser à dessiner, tes illustrations étant souvent un élément majeur dans mon appréciation.
Ce que j’aime aussi, c’est que tes images vont souvent me pousser à t’ouvrir à nouveau et à redécouvrir une partie de ton histoire. Je te lis alors en diagonale ou parfois même en entier! Parce que ça aussi c’est plaisant de temps à autre, juste lire quelque chose qui se consomme rapidement, mais qui nous plonge tout de même dans un monde qui nous fait tout de suite décrocher. Tu ne trouves pas?
Amélie xx