Saviez-vous que c’est à partir du 19e siècle que l’orgasme féminin n’est plus considéré comme un préalable à la conception? Avez-vous déjà remarqué que les gens utilisent le mot vagin à tout vent, le confondant bien souvent avec la vulve?
L’origine du monde ne partage pas que le titre de la célèbre toile de l’artiste Gustave Courbet, mais également le sujet: l’organe sexuel féminin. En adressant trois thèmes phares, soit sa représentation dans nos sociétés, l’orgasme et les menstruations, cette bande dessinée de Liv Strömquist dévoile comment le sexe féminin a été perçu à travers l’histoire et ses répercussions sur le présent discours.
Définitivement un incontournable, L’origine du monde nous aide à démystifier plusieurs faux semblants et autres idées préconçues sur la vulve. C’était presque choquant de constater à quel point elle est souvent invisibilisée! Son absence de l’imagerie collective et dans le vocabulaire en dit long sur la perception qu’en a notre société et c’était révélateur d’en apprendre davantage sur les fondements de cette pudeur face au sexe féminin et sa représentation défaillante encore aujourd’hui.
Un point que j’ai particulièrement apprécié de cette bande dessinée est que pour chaque sujet abordé, l’autrice ne fait pas qu’en faire une explication de surface, mais va chercher des références pour appuyer ses dires. De savoir que les informations avancées par Strömquist ont été le fruit de recherches poussées dans la littérature à ce sujet ajoute au caractère dérangeant de cet ouvrage, car ce qu’on y lit n’est pas basé sur des croyances, mais bien sur des faits.
Côté visuel, les dessins ne sont pas les plus séduisants, mais servent bien le sujet. Majoritairement en noir et blanc avec des insertions d’images d’archives, de coupures d’articles ou de photographies, ce mélange des médias apporte une crédibilité aux propos de Strömquist et enrichit le contenu qu’elle aborde si brillamment. Un seul passage est complètement en couleur. Celui-ci accentue un bref changement entre le contenu plus théorique et des témoignages collectés par l’autrice sur différentes plateformes numériques.
À première vue, étant donné le sujet, on a tendance à penser que L’origine du monde est une bande dessinée destinée à un public féminin, mais je crois qu’elle devrait être lue par tous pour mieux comprendre le discours social et briser les mythes entourant le sexe féminin. Elle peut même donner des outils aux femmes pour accepter et assumer leur propre corps et permettre aux hommes d’apprendre que leur sexe n’a pas toujours été au centre de tout.