Les sorcières ont bercé mon enfance. Mis à part les vilaines sorcières des contes et de nombreux films, ce sont surtout les bienveillantes qui ont marqué mon imaginaire. Récemment, j’ai reconnecté avec cet intérêt pour ce personnage marginal et mes lectures s’en sont rapidement teintées.
Est-ce que je suis la seule ici qui regardait The Worst Witch, basé sur les livres de Jill Murphy, à YTV tard le soir lorsqu’elle était jeune? J’adorais cette série où l’on suivait Mildred Hubble, une jeune sorcière maladroite qui tente de faire sa place à l’académie de sorcières de Miss Cackle (aussi connu sous le nom d’Amandine Malabul en français). L’ambiance qui s’y dégageait et les rêves qu’elle faisait naître en moi ont rapidement mené cette série dans un coin spécial de mon coeur.
Ensuite est venu Harry Potter. J’avais 11 ans, le même âge que Harry, quand j’ai tourné les pages du premier tome et la magie a opéré! Un attachement envers les personnages et leur histoire s’est créé presque automatiquement et, comme plusieurs personnes de ma génération, cette série continue encore à avoir une place importante dans ma vie d’adulte.
Une autre sorcière marquante de mon enfance est la Sorcière Camomille. Ce personnage créé par Enric Larreula et Roser Capdevila a été ma sorcière préférée pendant de nombreuses années. Ces histoires étaient toujours rocambolesques et m’entraînaient partout à travers le monde. Les illustrations de ces livres me fascinaient et ont longtemps nourri mon rêve de devenir illustratrice. À 9 ans, la Sorcière Camomille était ma grande amie et je traînais son oeuvre complète partout où j’allais.
Ces personnages de sorcières m’ont introduit à la solidarité entre femmes et à la possibilité d’exister hors du regard des hommes. Leur manière de célébrer leur pouvoir et leur indépendance ont forgé la féministe en moi et leur monde continue à nourrir mon imaginaire et mes actions.
Pourtant, après ces années magiques passées en compagnie des sorcières et sorciers les plus attachants, je dois dire qu’elles ont quitté en partie mes lectures. Par contre, nostalgique comme je peux l’être parfois, elles sont revenues dans mon quotidien grâce à l’adaptation sur Netflix de la série The Worst Witch durant mes vacances. Immergé à nouveau dans un univers surnaturel, j’ai eu envie de rester dans le thème des sorcières et d’entamer la lecture d’un essai féministe qui attendait dans ma pile à lire: Sorcières de Mona Chollet.
Cet essai était tout ce dont j’avais besoin pour revenir vers ce personnage fantastique et féministe! En examinant ces (trop) nombreuses femmes qui ont été accusées à tort de sorcellerie pendant les chasses aux sorcières de la Renaissance, Mona Chollet en ressort trois: l’indépendante, la non-mère et la vieille. Avec des parallèles choquants, l’autrice nous ouvre également les yeux sur les répercussions encore visibles aujourd’hui de cette violente répression des femmes et de leur rôle dans la société de l’époque.
D’une manière ou d’une autre, je me suis retrouvé dans ces trois types de femmes que présente Mona Chollet et ma connexion avec elles m’a poussé à en apprendre davantage sur la figure de la sorcière et l’histoire qui l’entoure. En fait, je n’avais qu’une envie: lire tout ce que je pouvais à ce sujet!
Sont alors passé entre mes mains les livres Moi, Tituba sorcière… de Maryse Condé et Caliban and the Witch: Women, the Body and Primitive Accumulation de Silvia Federici. Mes prochaines lectures inspirées par les sorcières (car ce n’est pas fini!) seront Witchcraze: A New History of the European Witch Hunts par Anne Llewellyn Barstow et The Penguin Book of Witches par Katherine Howe. D’autres seront à suivre, c’est certain!
Et vous, quel personnage de sorcières vous a le plus marqué?