J’abandonne ou pas? Voilà une question que plusieurs d’entre nous se sont certainement déjà posée en lisant un livre. J’étais prise avec ce dilemme pendant plusieurs semaines lors de ma lecture de Wuthering Heights d’Emily Brontë, mais j’ai persisté. Pourquoi?

Je ne sais pas pour vous, mais lâcher un livre est un acte des plus difficiles pour moi. En posant ce geste, ma plus grande peur reste de passer à côté d’une lecture que j’aurais finalement appréciée si j’avais persévéré davantage. Je perçois alors l’abandon comme un geste déloyal envers ce livre que j’ai choisi et donc, qui devrait me convenir. Je me rends compte que de continuer quelque chose que je n’aime pas équivaut un peu à la peur de l’échec, car je ne veux pas m’avouer que je n’aime pas ma lecture pour ne pas décevoir les autres qui l’ont apprécié.

C’est définitivement ce que j’ai ressenti en lisant Wuthering Heights. Étant un classique de la littérature anglaise, cette pression d’apprécier et de reconnaître cette oeuvre comme un incontournable était bien présent. Ce fût donc mon vecteur principal de motivation cette fois-ci, mais ce n’est pas toujours le cas.

Pour être bien franche, c’est bien rare que j’abandonne un livre. Bien souvent, quand cela arrive, son sort se résume à rester dans ma pile, à moitié entamé, pendant de longues semaines. Je me résigne alors à le replacer dans ma bibliothèque, le signet encore en place, au cas où j’y retournerais prochainement. Tout pour ne pas abandonner! Il est vrai que de laisser un livre reposé quelque temps peut nous aider à le reprendre en force (ça m’est arrivé avec Les trois mousquetaires de Dumas), mais la plupart du temps, je finis plutôt par l’oublier et ne jamais le rouvrir.

Pourtant, il faut accepter quand une lecture ne nous convient pas et parfois, elle arrivera à nous toucher que bien plus tard (Le petit prince de Saint-Exupéry dans mon cas). Il faut aussi être ouvert au fait que cet appel ne se produira peut-être jamais et passer à autre chose. Il y a tellement de livres à lire, ça ne vaut pas la peine de s’acharner sur une histoire qui ne nous intéresse pas, peu importe ce que les autres peuvent en dire.

Peut-être que le terme “abandonner” n’est pas bien choisi aussi, car il est chargé d’une connotation négative. On y perçoit plus facilement l’échec, ce qui n’est pas le cas. Et si l’on disait plutôt: “J’ai arrêté cette lecture”, cela transcrirait davantage notre désir de respecter nos limites ou nos préférences. Qu’en dites-vous?

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