Cher appartement,

Cela fait bientôt 11 mois que j’habite entre tes murs. Le temps passe si vite! En arrivant ici en juillet dernier avec mon copain, ton potentiel était déjà immense. Une belle lumière qui entrait de chaque côté, des pièces aux dimensions parfaites et des traces de ton histoire laissées intactes. Il ne restait plus qu’à te mettre à notre image et créer des espaces où il fait bon vivre.

Petit à petit, tes pièces ont pris forme et l’endroit s’est meublé de nos possessions et de nos souvenirs. Chaque fois que je passais ta porte d’entrée, je me sentais chez moi, je me sentais bien, en sécurité dans ce lieu où mes objets favoris avaient enfin trouvé leur place. Malgré ce sentiment de bien-être, je n’étais pas souvent là pour profiter de toi pleinement. Avec le travail, les engagements, les sorties, les visites des familles et les commissions de fin de semaine, il n’était pas rare que les seuls moments à passer confortablement ici étaient quelques soirées éparpillées qui ne satisfaisaient aucunement mon désir casanier.

Car oui, je suis une fille d’intérieur, une fille qui est bien chez elle, dans ses affaires, dans ce petit cocon tissé serré qu’elle s’est créé. Je l’ai toujours été, mais avec le confinement qui nous a frappés à la mi-mars, c’est encore plus évident.

Ton espace me remplit souvent de joie et de gratitude. C’est cliché dit comme ça, mais c’est vraiment comment je m’y sens. Tu m’apaises par moment, tu alimentes ma créativité et je vois tes murs comme ma future galerie d’art. Tu es souvent synonyme de détente, même si tu t’es transformé en mon espace de travail depuis le 15 mars. Ce n’est pas toujours facile cette histoire de télétravail, mais d’un autre côté, je me sens tellement chanceuse d’être ici pour vivre cette drôle de période.

À mon bureau, devant ma fenêtre, je pense à cet espace accueillant qui met un petit baume sur mon coeur et je sens de plus en plus qu’il sera difficile de m’y arracher. Cette sécurité et ce confort que tu me procures ne se reflètent pas hors de tes murs et l’idée de devoir sortir et reprendre où j’en étais avant le confinement me semble comme une grosse montagne. Je veux rester ici, je veux continuer à profiter de ses moments doux et calmes, sans pression.

J’avais besoin de ce ressourcement et même si je continue à travailler et que je ne suis pas du tout en vacances, prendre le temps d’apprécier ce que j’ai chez moi me fait tellement de bien. Je reconnais ma grande chance dans tout cela et s’il y a bien une chose que je me répète tous les jours, c’est bien cela.

Il est certain que ce n’est pas toujours parfait. Habité dans un vieil appartement comme toi ne vient pas qu’avec des avantages comme du plancher de bois et un certain cachet. Ça vient avec le bruit des voisins, ta salle de bain rose constamment repatchée (que j’ai appris à aimer, fouille-moi comment!) et l’interdiction d’avoir un chien (ma plus grande déception). Malgré tout, je ne veux pas bouger d’ici, car tu es devenu ma maison, l’endroit où je me sens à l’aise d’exister sous toutes mes formes.

À de nombreuses années ensemble, je l’espère!

Amélie xx

P. S. Bien sûr, je ne crois pas que je vivrais ce confinement de la même façon si je n’habitais pas avec mon copain. Sa présence fait une grande différence et m’aide beaucoup à me sentir bien ici.

P. S. S. Je sais que d’être bien et en sécurité chez soi est un privilège plus que jamais ces temps-ci et cette lettre n’est en aucun cas une façon de dévaluer la réalité plus difficile de certaines personnes. Si vous vivez le confinement difficilement pour toute sorte de raisons, n’hésitez jamais à aller chercher de l’aide.

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